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Accéder au siteDans le cadre de la protection de l'habitat de la mulette perlière ( #mulette), en janvier 2018, un nouvel arrêté préfectoral de protection de biotope a été rédigé sur le bassin versant de la Rouvre. Afin de ne pas pénaliser les pêcheurs locaux concernant la pratique de la pêche en marchant les pieds dans l'eau, les services de l'état ont accepté d'autoriser le wading sous certaines conditions. C'est pour cela, qu'en partenariat avec le CPIE des Collines Normandes, la fédération a engagé une démarche de communication et de sensibilisation à la préservation de cette espèce aquatique à fort enjeu patrimonial.
En avril 2018, une action de sensibilisation a été mise en place sur le Sarthon, une des trois rivières Bas-Normande à encore abriter la mulette perlière. Notons que sur ce site N 2000, le PNR Normandie-Maine est l'opérateur qui gère l'introduction et le suivi.
Vous retrouverez donc un résumé de l'opération sur le lien suivant : journée mulette Sarthon
Le responsable technique
La moule perlière d’eau douce, que les scientifiques appellent Margaritifera margaritifera, est une espèce qui vit dans le lit des rivières des massifs anciens de l’Europe de l’Ouest. Son cycle de vie complexe, ses exigences écologiques et sa grande longévité font d’elle une espèce « parapluie » : en la protégeant, on protège tout un écosystème. Au sein du vaste réseau qui constitue la biodiversité, la santé de la « mulette » revêt ainsi une importance toute particulière.
La moule perlière est très sensible à la qualité de l’eau et des sédiments. Elle préfère ainsi les eaux fraiches ne dépassant pas 13 à 14 °C et pauvres en nutriments. C’est donc une excellente indicatrice de la qualité des cours d’eau. D’autant plus que le sédiment dans lequel elle vit, complètement enfouie durant sa jeunesse, doit aussi être d’une qualité irréprochable, suffisamment oxygéné pour permettre les échanges avec la surface. Les enjeux de conservation de l’espèce passent ainsi par les enjeux de "naturalité" des rivières.
Hormis une exception en Irlande, toutes les rivières abritant la moule perlière coulent sur des roches siliceuses (nos granites). La variété des habitats occupés est grande tant qu’un peu de sédiments meubles peuvent la retenir : rivières à fond sableux, gorges boisées, blocs rocheux, etc. La mulette vit en effet à moitié enfouie dans le lit des rivières filtrant jusqu’à 50 L d’eau par jour ! Pour son équilibre, le courant doit être suffisant et la profondeur du cours d’eau comprise entre 0,5 et 2 m. La présence de saumon atlantique ou de truite fario est elle aussi indispensable au bon déroulement du cycle de vie de la moule perlière; les branchies du poisson-hôte étant un passage obligé pour la larve la mulette.
La moule perlière d’eau douce est l’un des invertébrés dont la longévité est la plus longue, entre 30 et 150 ans. Elle est capable de se reproduire à partir de l’âge de 7-15 ans quand la taille excède environ 7 cm.
Au début de l’été (juin-juillet), les mâles libèrent leur semence dans l’eau qui est ensuite inhalée par les femelles. Les œufs ainsi fécondés se développent dans le marsupium (branchies modifiées) pendant quelques semaines et sont relâchés entre juillet et septembre sous forme de minuscules larves (0,06 - 0,08 mm) appelées glochidies. Chaque femelle émet entre un et quatre millions de glochidies en une seule fois !
Elles sont pratiquement toutes entraînées en aval de la rivière et finissent par mourir mais quelques-unes sont inhalées par de jeunes saumons atlantiques ou des truites fario et se fixent sur leurs branchies. Peu de temps après la fixation, un kyste se forme autour de la larve. L’épithélium du kyste protège et nourrit la glochidie. Ayant atteint un stade de développement suffisant, la larve se laisse tomber en mai-juin de l’année suivante et s’enterre dans un substrat propre composé de sable ou de gravier pour pouvoir se développer – elle mesure alors environ 0,4 mm. La vie benthique dure de 4 à 10 ans après quoi la jeune moule perlière réapparaît à la surface du substrat. Les différentes étapes qui conduisent à la maturité sexuelle sont caractérisées par de forts taux de mortalité : sur 1 million de glochidies produites, moins de 10 parviennent à devenir une jeune moule.
La longueur de l’adulte varie entre 110 mm et 159 mm et sa largeur entre 40 et 50 mm. Les deux valves sont réunies par une charnière latérale, un ligament, et maintenue par deux muscles adducteurs. Les coquilles sont recouvertes d’un épiderme organique, le périostracum, de couleur noire chez les adultes, brune chez les individus les plus jeunes. L’intérieur de la coquille est recouverte de nacre blanche, parfois teintée de rose avec fréquemment des points lacrimiformes. La partie la plus renflée de la coquille, l’umbo, est le plus souvent érodée et laisse apparaître la coquille sans périostracum.
L’emplacement des muscles adducteurs est bien visible. La charnière présente une dent latérale postérieure vestigiale et des dents pseudo-cardinales, une sur la valve droite et deux sur la gauche, la postérieure étant moins développée. Il n’y a pas de dents latérales.
La surface extérieure de chacune des coquilles est couverte d’une série de stries d’accroissement. La distance séparant deux stries annuelles est le reflet des conditions de croissance. Elle varie selon la température, l’acidité, l’oxygénation de l’eau mais aussi selon la disponibilité en nourriture. Ces paramètres conditionnent aussi la composition chimique de la coquille notamment pour les éléments particulièrement solubles dans l’eau (manganèse, cobalt, fer, zinc, etc.).
Le pied, blanc et très développé, peut se contracter et, en faisant saillie hors de la coquille entrouverte, permettre à la moule de se déplacer. Il n’y a pas de véritables siphons, les ouvertures inhalantes et exhalantes étant uniquement séparées par un épaississement du manteau dans sa partie postérieure. Il n’y a pas de dimorphisme sexuel.
La rivière du Sarthon est inscrite au site Natura 2000 « vallée du Sarthon et affluents » n°FR2502015 (Orne, Basse-Normandie). 152 moules perlières ont été dénombrées sur le Sarthon et l'un de ses affluent, la Roche-Elie par le CPIE Collines normandes en 2006 et aucun renouvellement de population n'a été observé. En effet, la population, composée de vieux individus de 80-90 ans est essentiellement concentrée sur une portion de cours d'eau de 5 km (à 9 km en aval des sources).
Menaces identifiées :
Les principales menaces qui pèsent sur les moules perlières de ce site sont la trop grande quantité d'intrants issus de l'agriculture et des effets pervers qui en découlent (lessivage des sols, érosion des berges, etc.). Avec une moyenne de 26 mg/L de nitrates en 2002 et un colmatage apparent important, les moules perlières ne peuvent plus assurer leur recrutement.
La rivière de la Rouvre est inscrite au site Natura 2000 « vallée de l'Orne et ses affluents » n°FR2500091 (Orne, Basse-Normandie). La population de moule perlière d'une centaine d'individus (110 individus ont été dénombrés en 2002) s'étale sous forme de plusieurs agrégats sur 14 km (à 32 km en aval des sources). Aucun renouvellement de population n'est observé et les individus sont âgés. Une pêche électrique menée en mai 2009 a montré la présence de truitelles porteuses de glochidies de mulettes ce qui est très positif pour sa survie dans ce cours d'eau
Menaces identifiées :
Même si une grande partie de la population de mulette perlière est située à l’intérieur du périmètre du site Natura 2000 en cours d’extension, la plus grosse menace qui pèse sur cette population est le manque de mesures de gestion à l'échelle du bassin versant c'est-à-dire en amont de la station, hors zone Natura 2000. La qualité de l'eau et du milieu sont médiocres : taux importants de nitrate, pesticides, turbidité importante provenant du lessivage des terres agricoles situées à l'amont du bassin.